Episode 9
Distance focale
« Photographier la nuit implique l’usage de la pause longue, et l’une des particularités de la pause longue, c’est d’ajouter du temps à la mesure de la lumière » explique Agnès Sire, commissaire à la fondation Henri Cartier-Bresson.
Le vin verse aussi du temps sur la lumière. Ce n’est pas du temps retranché, c’est le temps de l’attente, qui semble contenir tout l’univers depuis sa création. Une attente pour cueillir le vin à sa pleine mesure afin qu’il se révèle, ni trop tôt, ni trop tard. Comme le développement photographique qui implique d’impressionner l’image à sa juste proportion.
Que nous disent les vieux vins et que rapportent-ils du passé ? Qu’ont-ils enfermé dans leur bouteille, laissant tout juste passer l’oxygène nécessaire à leur lent vieillissement ? Ils gardent leur mystère jusqu’à ce qu’on les ouvre et les découvre, autres, différents de leur jeunesse. Ils sont la frontière entre le dedans et le dehors, à l’instar de ces photographies de fenêtres si évocatrices de Marie Bovo.
La photographie fixe le temps. La cuvée Sténopé du Champagne Devaux opère le même procédé de capture du temps en figeant l’année et sa climatologie à chaque millésime. Restituant une image fluctuante qui, à son tour, sera déformée dans la durée. Matière malléable à l’infini, ondoyant dans les nuances du temps, le vin n’en finit jamais de s’exposer sous un nouveau jour. Présentant toujours plusieurs vérités superposant les univers et les états.
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