Désordre de cave

La façon de ranger ses livres comme celle de ranger ses vins doit certainement signifier quelque chose. J’ai tiré d’une étagère La vie heureuse de Sénèque où l’auteur expose sa vision du bonheur, celle d’une voie vertueuse pavée d’honnêteté, de constance et de bonté. Ses préceptes ont fait écho, par des images et des odeurs, aux joies simples de l’enfance, qu’il faut s’attacher à cultiver, ce temps de l’insouciance où la durée se résume au jour, où l’angoisse n’est à la mesure que de minutes et où les joies emplissent les heures.

Le bonheur d’une vie bien rangée, chaque chose à sa place, dans l’ordonnancement d’un monde devenu fou et chaotique. Où, comme au Château Marsau sur les bords du Libournais, on se plaît à mettre le paysage en bouteille, cultiver le temps long et s’assigner à voir passer les saisons, dans l’épaisseur de la terre et le chant des oiseaux.

Un ordre fixe et rassurant où prendre le temps, le temps de lire, d’écrire, de ne rien faire, d’attendre. De vivre.

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